Mémoire sélective : Mexico City (part I)

Publié le par anadoesntlivehereanymore.over-blog.com

Je me souviens de ces adolescents qui s'embrassent fougueusement dans les rues et les bouches de métro.

 

Je me souviens des rues dégueulasses qui sentent bon le riz bouilli et la farine de maïs.

 

Je me souviens de ces millions de flics postés dans la rue aux fausses allures de dissuasion.

 

Je me souviens de toujours oublier de jeter le papier toilette dans la petite poubelle plutôt que dans la cuvette.

 

Je me souviens des tortillas vertes et pourpres, qui dorment au chaud d'un torchon.

 

Je me souviens de baragouiner en espagnol pour dire d'où je viens et demander mon chemin ou une torta.

 

Je me souviens de ce chauffeur qui nous a entassé dans son taxi, roulant à toute vitesse, brûlant tous les feux et fredonnant à tue tête les tubes des années 80 que jouait son radio cassette.

 

Je me souviens de ces hommes remontés, sur un promontoire de Zocalo, à la voix qui enrôle et au flot entêtant.

 

Je me souviens de Flavio qui chantonnait Dalida, les yeux humides.

 

Je me souviens de la sensation perpétuelle de suffoquer et de racler ma gorge, de curer mon nez jusqu'en avoir le bout des doigts noir cradingue.

 

Je me souviens d'un type dont le nom m'échappe, qui me racontait qu'au fond du coeur de pierre du maire se cachait un dictateur... parce qu'il tolérait que les mécontents protestent sur l'artère principale de la ville.

 

Je me souviens des passants rondouillards à la bouche pleine de fajitas.

 

Je me souviens de la Plaza Garibaldi en costume blanc et or qui chante et danse avec les Mariacchis.

 

Je me souviens de la cuisine de Frida sentant toujours le charbon.

 

Je me souviens de Luis, toujours tout de noir habillé, me trainant dans le club gothique en vue de la ville.

 

Je me souviens de ces couples d'hommes qui se tiennent par la main, l'alliance à l'annulaire, la corde au cou.

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